Pour fêter cette première année d’articles sur notre blog, nous avons choisi un
sujet en rapport avec le béton et l’écologie. Nous allons nous intéresser aux dalles de béton des toits terrasse. Tristes, désertes et gravillonnées elles ont pourtant un potentiel écologique indéniable et un fort avantage en comparaison de leurs cousines à pente. En effet,
cette structure est la seule à pouvoir supporter l’aménagement d’une végétalisation intensive, l’équivalent d’un petit jardin suspendu.
Si jusqu’à aujourd’hui on ne demandait aux toitures que de protéger et d’isoler,
il en va autrement depuis la RT 2012 (réglementation thermique 2012). Les enjeux écologiques entrent désormais en compte.
Et il est vrai que quand on regarde froidement la liste des avantages apportés par un toit
végétalisé, on se demande pourquoi l’usage n’en est pas plus répandu. On regretterait presque de ne pas avoir l’immense chance de posséder une dalle de béton, tant on a envie de s’y mettre
immédiatement.
En effet, cette fameuse liste est longue et ses arguments sont
tentants :
- isolation thermique et lutte contre la déperdition de chaleur ou de fraîcheur
- meilleure isolation acoustique/phonique
- protection de la dalle, protection de l’étanchéité du support dans le temps
- lutte contre l’accroissement du CO2, surtout en agglomération et amélioration de la
qualité de l’air
- meilleure gestion des eaux de pluie dont l’écoulement est ainsi divisé
- agrément visuel
- soutient de la biodiversité, surtout en ville
Le bon sens des anciens est une fois de plus remis au goût du jour, avec des
moyens techniques et des technologies nouvelles. Les peuples du nord et du grand froid (norvégiens, islandais… normands*) avaient déjà trouvé cette astuce pour isoler leur habitation et éviter la
déperdition thermique.
Les contraintes principales de notre monde moderne sont :
Ø le poids à soutenir, surtout en cas d’intempéries (neige) et éventuellement l’entretien
(irrigation) selon le type de végétalisation choisi.
Ø le PLU de la commune qui peut restreindre l’installation de ce type de toiture.
Il existe trois possibilités de végétalisation :
L’EXTENSIF
Installation la plus légère. Peu exigeante en eau et en substrat, elle nécessite
peu d’entretien et n’a pas besoin d’irrigation supplémentaire. Les plantes utilisées sont principalement des couvre-sols rustiques tel le sédum.
LA SEMI-INTENSIVE
Pour les toitures dont la pente n’excède pas 30°. Elle demande peu de substrat et
reste légère mais a besoin d’un entretien régulier. Les plantes couvre-sols, les plantes à fleurs ou à feuillage peuvent être utilisées. Cette technique s’adapte à une toiture déjà
existante.
L’INTENSIVE
Celle qui s’apparente le plus à un jardin suspendu. Demande un accès indispensable
pour son entretien, ainsi qu’un système d’irrigation. Le poids est le plus conséquent, mais les variétés d’espèces à planter sont les plus importantes. Cette technique est plutôt conseillée pour
les bâtiments neufs, qui prendront en compte dans leur conception la charge supplémentaire, l’isolation et l’irrigation nécessaires.
Un exemple intéressant :
Paris, Cité de la Mode et du Design, par les architectes Jakob et Mac Farlane, avec toiture
végétalisée. L’un des premiers bâtiments parisiens en béton armé, dont la structure d’origine a été conservée et peut même soutenir en son sommet un toit terrasse avec buttes végétalisées.
Vous n’avez pas de toit à végétaliser mais vous voulez participer vous aussi à
cette vague verte ? Les murs a végétaliser, peuvent être alors votre solution même s’ils n’auront pas exactement les mêmes vertus d’isolants et de filtre des eaux pluviales.
Nous signalons au passage les parpaings et les plinthes végétalisables de
betonetobjets de Marie Garnier, et n'oubliez pas Comellicom pour trouver les matériaux nécessaires à votre toit terrasse !
Une autre initiative (quoique plus sauvage) de végétalisation de l’espace urbain
est né aux Etats-Unis et porte de nom de Guerrilla Gardening (le mouvement des bombes à fleurs). Il s’agit de créer des boules de terre contenant des graines qui seront jetées dans des lieux à
refleurir. Si le sujet vous intéresse, voici un lien vers un article du site Courrier
international.
* nous nous excusons pour cette blague lamentable sur le climat normand
Bibliographie
Dunnett N, Kingsbury N. Toits et murs
végétaux. 3e éd. Editions du Rouergue; 2011.
Kleinod B. Végétalisation des toitures.
Ulmer; 2001.
Lassalle F. Végétalisation extensive des
terrasses et toitures : Conception et mise en oeuvre, aspects réglementaires,
données économiques, exigences et solutions. 2e éd. Le Moniteur Editions;
2008.
Luckett K. Toits verts: Construction et
maintenance. Dunod; 2011.
Moréteau S. Murs et toits végétalisés.
Editions Rustica; 2009.
Petroff M-PD. Une maison
végétalisée : Murs et toits végétaux, jardins intérieurs et
suspendus... Charles Massin; 2011
Snodgrass EC, Snodgrass LL. Guide des plantes de
toits végétaux. Editions du Rouergue; 2008.
Webographie
Ø la page wikipédia « Toiture végétale »
Ø un document qui synthétise clairement les infos, issu du colloque
Toitures végétalisées : une contribution au Développement Durable
Ø la fiche de synthèse « Toiture végétalisée » du site de l’union régionale des CAUE d’Ile-de-France
Ø une vidéo didactique mise en ligne par « du côté de chez vous » de Leroy Merlin à voir sur youtube
Ø L’adivet, association des toitures végétales
Nous signalons à regret le risque de
fermeture définitive de la librairie le moniteur à Paris en novembre. Ce bel espace dédié à l’architecture et l’urbanisme est une institution du quartier latin depuis de nombreuses années. Nous
espérons pour ses libraires ainsi que pour ses clients un dénouement plus heureux.